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le blog de Laurent Tellier

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Evasion, poésie, loufoque, tout ici est permis dans le respect des autres et de soi-même . Un espace de liberté et de partages autour d'un thème commun: l'amour de la langue française.


Le lutin du Cuzou

Publié le 23 Avril 2024, 15:27pm

Sur les rives du Cuzou, tous les dieux de l’Olympe ont posé leurs valises. Et comme ils sont partageurs, ils ont invité les déesses, ce qui donne à ce coin de nature un air de paradis. Rive gauche, tous les dieux, toutes les déesses de la plume et des arts et sur la rive droite, celles et ceux du monde des autres beautés plus matérielles. Un seul pont leur permet de se retrouver en bacchanales de l’esprit (oui, oui) et ce pont est juste au pied de ma maison. Bien sûr, chaque usager de ce pont me paie une redevance (toute symbolique) sous forme immatérielle : un peu d’imagination. Bien sûr, s’ils se sont enguirlandés juste avant le péage, mes histoires sont ternes, mais si par bonheur ils ont passé de bons moments, alors je suis plus inspiré. Aujourd’hui, c’est jour néfaste, le dieu de la poésie a vertement cloué le bec à la déesse de l’argent, considérant qu’elle n’était pas assez généreuse à son endroit. C’est même plus souvent qu’on ne croie, la déesse des richesses ayant ses préférés, ceux qui lui en rapportent. Du coup, l’obole qui m’a été octroyée est indigente. Parfois, j’ai envie de leur dire que mon pont n’a pas de tarif dégressif et que si ça continue, ces deux-là iront franchir la ruisseau plus loin, là où le gestionnaire est bien plus sévère. Tiens, l’autre jour, c’est la déesse de l’argent qui est venue m’implorer de lui faire des faveurs : j’ai eu deux droits majorés en inspiration pour le même prix. Le dieu de la poésie, lui, est venu tout colère pour me menacer de me couper définitivement l’inspiration. Bon, j’ai cédé à l’une pour deux jours et à l’autre pour un tarif dégressif. Ce matin, donc, rebelote suite à l’altercation des deux dieux et comme j’attends le résultat de leur négociation, je suis en panne, vous l’avez déjà compris. Rive gauche, c’est le peintre qui pique sa crise, oui, l’univers des dieux n’est pas toujours ce monde idéal que l’on a en tête. Il avait dessiné, avec quelques nuages, dans le ciel, un joli motif tout en nuances quand le dieu de la musique, qui, mal luné, avait imaginé une partition wagnérienne chargée d’éclairs et de tonnerre (faut le faire quand même) qui rappelait l’incendie de Rome (de mieux en mieux). Moi, sur le pont, je voyais bien des nuages succédant aux bleus purs, j’entendais des tonnerres dans des ciels dégagés, je savais bien que c’était leur prise de tête mais d’habitude, ça ne dure pas. S’en mêle soudainement le Dieu des élégances, le Pétrone du Cuzou, qui veut jouer les arbitres (c’est bien amené, quand même) et qui se reçoit un coup de lyre, ce qui amène la déesse de la paix à intervenir en tant que représentante de la non-violence. Bref, vous le comprenez, je ne suis pas toujours seul responsable de le qualité variable de mes petites histoires. Au-dessus de ce petit coin de nature plane une sorte d’esprit malin qui décide de mon humeur chaque jour. Hélas, il m’est bien impossible de le savoir à l’avance, le malicieux esprit vagabonde au gré imprévisible de mes propres lunaisons, c’est peu de dire en effet que je suis lunatique, mais que voulez-vous, je l’aime bien mon diablotin, le fantôme du Cuzou, celui qui plane au-dessus de ma tête, je lui dois tellement de bons moments. Alors parfois, si je suis difficile à comprendre, c’est qu’on se sera chipoté, il sait aussi me rendre fou, le lutin du Cuzou.

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