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le blog de Laurent Tellier

le blog de Laurent Tellier

Evasion, poésie, loufoque, tout ici est permis dans le respect des autres et de soi-même . Un espace de liberté et de partages autour d'un thème commun: l'amour de la langue française.


un jeu radiophonique

Publié le 26 Octobre 2023, 12:40pm

Quand j’écoutais alors le jeu d’Emile Franc, qui a dû, pour des raisons fiscales certainement, changer de nom en jeu d’Emile Euros (le pauvre homme ayant du jour au lendemain été contraint à débourser 6,5 fois la somme), je me plaisais à trouver certaines réponses, certains pas trop faciles, mais derrière le poste, je faisais le savant.

J’aimais beaucoup le présentateur de l’époque, vu qu’il avait le nom de mon âge à l’époque : Jeunesse, Lucien Jeunesse. Ah quel entrain, quelle verve et puis son à demain, si vous le voulez bien. C’était le petit quart d’heure de bonheur quand je trouvais la réponse avant le candidat. Il y avait le respect du public, de ceux qui osaient affronter le micro et la petite foule des auditeurs qui ont tous un jour appris quelque chose. C’est lointain tout ça, les radions sont inaudibles, saturées de publicités, de messages infantilisants, de braillards exaltés. Un petit quart d’heure quotidien dont il me reste les coups du xylophone égrenant le temps imparti et les trois coups à la fin pour entendre la réponse, ou alors un je ne sais pas qui déclenche le murmure de déception de la foule. Souvent, quand même, les candidats trouvaient et le public ovationnait. Mais je reste sur ces moments où à travers la radio, je voyais se décomposer le visage de la personne qui séchait, comme si c’était une humiliation publique et puis tout de suite, l’entrain revenu du présentateur qui donnait rendez-vous dans un autre village. Je me souviens des affiches qui annonçaient la venue du Jeu des Mille Francs pas très loin de chez moi. J’avais quand même la tentation du diable, y aller pour quelques sous ou pour une honte à perpétuité. Lâchement, je me suis débiné. Dommage, parce que ce jour-là, j’ai écouté l’émission et savez-vous quoi, j’aurais gagné, je me souviens même de la réponse : Jean-Jacques Audubon, naturaliste canadien, dont j’avais eu en mains le timbre qui lui avait été consacré, c’était en 1995 !

Je ne sais pas si de nos jours, le jeu existe encore, je n’écoute plus les radios, sauf France Musique, sans pub, sans message, juste la musique et les commentaires des spécialistes. C’est reposant et ça me permet d’avoir un fond sonore pour mes divagations. Quand on ne sait pas trop comment qualifier ces souvenirs, on parle de madeleine, ça fait proustien, les souvenirs d’antan chez la vieille tante qui prépare le thé et les gâteaux. Oui, ces moments-là me reviennent souvent parce que dans ces années-là, je faisais ma pause casse-croûte dans ma voiture en écoutant le bruit métallique du xylophone et repartais sitôt le dernier gong. Ensuite, je retournais là où s’entendaient les cris de la souffrance, là où les questions n’avaient aucune réponse, sinon encore une fois, l’écoute et quelques mots pour dire que j’écoutais. A la question, mais quel métier faisais-tu ? Je réponds encore, j’écoutais un homme merveilleux qui s’appelait : Jeunesse.

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