Le paradoxe du tas

Le paradoxe du tas

Eubulide, qui n’était pas un sot puisqu’il était philosophe au IVe siècle avant J.C, avait beaucoup réfléchi sur le paradoxe du tas. Si vous voulez, c’est comme Raymond Devos et l’histoire du bout de bois mais avec du sable. Oui je vois, vous vous demandez où je vais encore vous emmener. Or donc, le tas de sable. Où commence la définition du tas. En clair (si c’est possible), prenez un grain de sable et ajoutez-en un. Avez-vous constitué un tas de sable ? Sachez que pendant l’exercice, le sablier a démarré. Notez ici la pertinence du sablier qui n’est qu’une version de la clepsydre qui elle fonctionnait avec de l’eau depuis belle lurette avant notre ami Eubulide. Donc, reprenons : à partir de combien de grains de sable avons-nous un tas ? Définir le niveau où les grains de sable forment un tas est donc bien un problème philosophique avant d’être une notion physique. Vous me suivez ?

Si on donne un chiffre à partir duquel un tas est un tas, prenons 100, par exemple, si vous enlevez un grain de sable, 99 grains ne font plus un tas, ce qui renvoie à cette question, qui a le droit de définir le chiffre qui définit un tas de sable ? J’entends des voix qui disent : on s’en fout. Ça, c’est l’argument du faible, ou du pauvre maçon qui remue des pelletées de sable pour en faire des tas, mais sans savoir si c’est vraiment des tas de sable et qui de toute façon, ne ferait pas un tas en prenant grain par grain dans sa pelle du sable devant lui. Pour poursuivre, s’il faut compter le nombre de grains de sable dans la pelletée pour savoir si c’est un tas, combien de pelletées définiront le moment où le tas de sable sera suffisant pour l’ouvrage. Sans compter bien sûr le client, qui, pour ne pas se faire rouler dans la farine, recomptera les grains pour payer le juste prix. Du coup, on a inventé le poids du sable, au kilo, à la tonne, mais qui a décidé un jour qu’une tonne de sable était un tas de sable, on frise l’escroquerie et je conseille à tout le monde de bien vérifier la tonne car si elle représente un tas de 100 000 grains de sable, si on enlève un grain, ce n’est plus un tas…

Désolé mais les Grecs avaient des philosophes qui faisaient avancer la pensée en posant des énigmes dont on pense qu’elles ne servent à rien. Bien sûr que si, puisqu’elles montrent que quoiqu’on achète, on se fait rouler sur la définition du volume qu’on achète.

Les vacances, finalement, ça me fait du bien, je pense à des trucs qui font avancer l’économie et la pensée, mais en vrai, à partir de quand on pense qu’on a fait des économies, si on ne donne pas un juste prix à la chose monnayée. Hein ?

Sinon, tout va bien, rassurez-vous, j’avais besoin de faire le point. Mais à partir de quoi ? Et ben voilà, je me piège tout seul. Profitez bien du sable, si vous êtes à la plage …