c'est pour l'assurance

C’est bien d’écouter les infos à l’insu de son plein gré. Voilà des années que je ne regarde plus la télé, que je n’écoute plus la radio (sauf France Musique, encore épargnée par la pub) et surtout, que j’ai largué les prévisions météo au large des dépressions des présentateurs et puis par hasard, j’entends dans la rue, puisqu’il n’y a que ça qui intéresse les gens, qu’on va avoir une tempête en août ! Tous aux abris, ça vient du cercle polaire en direct live de la chaine météo, celle des montagnes de l’absurdité et des surenchères apocalyptiques. Donc, il faut se mettre aux abris, déclencher les sirènes et attendre le tsunami  en sachant que si le soleil revient, il faudra à nouveau se cacher pour cause de canicule et de mort dessiccante immédiate. En plus, ça marche, tout le monde est saisi d’effroi devant un été pourri, alors que l’an dernier, c’était le contraire. Comme de toute façon, c’est inéluctable, vu qu’on a mis tous les moyens pour en arriver là, autant fabriquer des citoyens trouillards qui ne feront rien pour changer, vu qu’ils sont condamnés. La trouille, je ne crois pas que ce soit le meilleur moyen pour réveiller les consciences, pour agir et faire agir de façon positive. On n’emmène pas un troupeau de froussards au combat. C’est donner une pelle à un fossoyeur !

Déjà qu’avec tous les messages de prévention, c’est pas facile de se comporter en citoyen responsable puisqu’on nous dit en gros que tout est, sinon interdit, au mieux déconseillé et qu’il faut être prudent, des fois que …

Je sais que je vais me faire mal voir, mais je m’en moque comme de ma première chemise. Un citoyen trouillard est une proie facile, pas seulement pour être influencée (c’est même un métier, maintenant) mais aussi pour être prise par la main pour aller faire ce pour quoi elle est la cible : devenir un client, et une marchandise à la fois. Pour se mettre à l’abri, il faut ci, et çà, prendre ses dispositions au cas où, o ne sait jamais, si ça me tombe dessus. Mais quoi donc ? L’infamie du type qui dérange, qui quitte le troupeau et même qui complote contre on ne sait pas très bien quoi. Je le répète souvent, la société des trouillards, qui ont peur de leur ombre et qui oublient d’en rester citoyens actifs et pensants, c’est un choix de société qu’on nous impose.

Sinon, depuis que j’ai commencé ma colère, le vent s’est calmé et je suis toujours là. J’avais oublié qu’en août, les orages sont probables et je n’ose pas imaginer ce que sera septembre, quand les feuilles vont tomber, que la route sera glissante, que le soleil va m’éblouir vers six heures du soir, que les lumières du village s’allumeront tard pour des raisons d’économie (je sais, je m’occupe des finances) et que j’aurai bouclé mes trois serrures (pour l’assurance), programmé mon détecteur de mouvement (pour l’assurance), que j’aurai mis en route  l’alarme (pour l’assurance) reliée au commissariat (pour l’assurance) etc.

Mais vous l’avez compris, si je fais ça, c’est pour l’assurance, qui se frotte les mains, et accessoirement, pour ma sécurité, avec tout ce qu’on voit à la télé, faut faire gaffe. C’est pas que je sois trouillard, mais vous savez bien avec ce qu’on voit, ce qu’on entend et ce qu’on imagine, mieux vaut avoir une bonne assurance. Parce qu’en fait, c’est pas que j’aie la trouille, non, mais si ça m’arrive, ça va aussi me coûter un bras, enfin celui qui me reste parce que tous ces dispositifs (pour l’assurance), ça m’a coûté l’autre bras.