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le blog de Laurent Tellier

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Evasion, poésie, loufoque, tout ici est permis dans le respect des autres et de soi-même . Un espace de liberté et de partages autour d'un thème commun: l'amour de la langue française.


La guerre d’Edam

Publié le 16 Mai 2023, 10:23am

La guerre d’Edam

Vous connaissez l’autre pays du fromage, forcément, mais saviez-vous quel événement historique a permis à notre héros national de devenir « Fanfan La Tulipe » ?

Allez, prenez une bière de Hollande, de l’Amsterdamer et laissez-vous faire, je vais vous raconter tout cela. Fanfan, c’est un jeune écervelé qui en ce mois prometteur d’avril 1925, a décidé d’aller faire un tour en Hollande, attiré par ces histoires étranges du pays en-dessous du niveau de la mer. Il a bien connu le plat pays pour être allé une fois à Bruxelles, une fois, quand il avait été invité, une fois, chez un oncle brasseur. Poussé par la curiosité, il avait poussé jusqu’à la frontière des Pays-Bas. S’il existe un plat pays auquel succèdent des Pays Bas, il est bien possible que plus haut, les pays soient noyés sous la glace et que pour y accéder, il faut descendre sous le niveau de la mer. Ainsi, se suivent le plat pays, les pays bas et les pays en dessous de tout.

Pas complètement stupide, Fanfan a entendu parler de la beauté des femmes des pays bas, qui paradoxe allemand (oui, ça me plaît), sont plutôt grandes et minces et il soupçonne que plus loin, vers les pays d’en-dessous, elles doivent être encore plus belles, elles se transforment sans doute en sirène enfin, il commence à fantasmer.

A son départ, la seule chose qu’il connaît, c’est donc la beauté des dames et l’Edam. Il prend sa carte du pays et le train qui mène là-bas et première déception, on ne voit jamais la mer pour aller de Paris à Rotterdam, à moins qu’il ne soit déjà sous l’eau.

Arrivé en gare de Rotterdam, il tombe sur une dame qui vend l’Edam avec des tulipes. Seulement, cette dame s’engueule avec vigueur avec sa voisine, qui elle vend de l’Edam, mais du supérieur, et elle, elle offre deux tulipes à chaque acheteur. On va bientôt se crêper le chignon, quand la police des Dames se décide à intervenir. Oui, aux Pays Bas, on a une police des Dames qui surveille celles qui sont dans un présentoir afin de permettre à certains de tester différentes sortes d’Edam. Fanfan, lui, s’est fait piéger avec la deuxième vendeuse et le voilà qui erre dans Rotterdam avec un morceau de fromage et deux tulipes. Pensif, il regarde sa carte de Hollande : Rotterdam, Amsterdam, Zaandam et lui qui ne connaît pas un traître mot de batave se demande bien pourquoi tant de villes sont dédiées aux dames (oui, pour lui, dam, c’est la forme néerlandaise de dame, vu que si les hollandais abusent des aa-, ils doivent supprimer des -e, sa connaissance des langues étrangères étant balbutiante). Du coup, il lui vient une idée, l’Edam, c’est la phonétique hollandaise  « des dames », on connaît aussi là-bas la réputation des dames de Paris, entre autres.

Un peu court sur ses raisonnements linguistiques, il va chercher pourquoi dans ce pays, on joint l’Edam aux tulipes. C’est là qu’il vous faut bien vous tenir.

Or donc, pendant la guerre de sept ans que Louis XV menait au côté d’Elisabeth de Russie contre la Marie-Thérèse d’Autriche et ses alliés anglais, les deux souveraines avaient donc choisi de se battre entre elles et cette guerre des dames va s’arrêter quand la tsarine meurt inopinément. Or, quelle était la fleur favorite de la grande russe : la tulipe. Et son fromage, je vous le donne en mille : l’Edam.

A sa mort, la guerre change de nature, les russes abandonnent la guerre et seule reste la Prusse contre la France et les Anglais vont reconquérir l’Amérique. Ainsi résumée dans la tête de Fanfan, la tulipe, associée à l’Edam, rappellent l’histoire de la Guerre de Sept ans quand les grandes dames se faisaient la guerre. Fort de son bagage culturel, il retourne voir les dames de Hollande et fait le plein d’Edam pour en ramener aux copains. Las, il rencontre sur la quai un Allemand de Berlin qui lui raconte la petite histoire du Kurfürstendamm, cette grande avenue aux faux-airs de Champs-Elysées parisiens. Ah, non pas encore ! Les dam, avec un seul « m », ou deux, ou avec un -e final, il a sa dose.

Le pauvre Fanfan ignorait que ce Damm là racontait l’histoire d’un chemin de rondins de bois du Prince-Electeur, dans les autres dam de Hollande, il s’agit des digues ancestrales. On dit pourtant que les Allemands et les Hollandais, c’est bonnet blanc et blanc bonnet, comme quoi on dit souvent des âneries.

En rentrant vers Paris, il a jeté par la fenêtre le fromage et les tulipes et s’est promis de se mettre à s’informer un peu avant de voyager. Quand il est allé en Finlande, il n’était pas sous les eaux mais sous la neige, qui n’est malgré tout, que de l’eau gelée. Sa théorie du niveau des pays nordiques par rapport à la mer n’est pas si folle, non ? L’igloo, c’est bien une maison sous l’eau, mais transformée en neige.

 

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