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le blog de Laurent Tellier

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Evasion, poésie, loufoque, tout ici est permis dans le respect des autres et de soi-même . Un espace de liberté et de partages autour d'un thème commun: l'amour de la langue française.


un matin à Bénarès (Varanasi)

Publié le 26 Décembre 2021, 15:10pm

C'est un souvenir impérissable, un voyage dans l'espace, dans le temps et dans la pensée. Je crois qu'on n'en revient pas avant d'y aller. Je vous livre ce texte que j'ai écrit, au retour, encore bouleversé par cette expérience. Je crois qu'en ce moment, il est bon de passer du temps à méditer sur nos souvenirs les plus merveilleux, comme ça, pour se faire du bien:

 

Varanasi (Bénarès)

 

Il faisait froid ce jour-là, il faisait encore nuit

Nous arrivions très tôt il y avait peu de bruit

On n’avait pas de repère, dans ces lieux inconnus

Notre tenue étrange était fort incongrue.

Nous sentions la ferveur s’élever sur le Gange

Nous pensions par mégarde entrevoir des anges.

La lueur du soleil toute rose de passion

Reflétait nos pensées toutes rouges d’émotion

Nous allions sur le fleuve au lever du soleil.

Ce jour-là fut pour nous à nul autre pareil

Au milieu d’une foule d’une ardeur silencieuse

Nous glissions sur la barque avec notre bougie

Pas très loin, près de nous, une voix mélodieuse

Psalmodiait des versets d’une foi infinie

Le soleil a paru sous la clameur immense

D’une foule soudaine prise d’une grande transe

Nous allions mettre à l’eau notre trop humble offrande

L’instant était magique, j’ai pensé à tous ceux

Qui nous avaient priés de bien penser à eux

Et c’est avec amour que flottait leur demande

Je ne prie aucun dieu, je respecte les leurs

Ce fut ce matin-là, un matin de bonheur.

Remontant sur le ghât, encore un peu sonné

J’ai regardé le ciel, le soleil était haut,

Et si chez nous bien loin, il n’était point levé

Je sais que dans les têtes, il y faisait bien chaud.

On raconte souvent qu’il y a dans cette pratique

Une vision étrange, un peu initiatique

Qu’on arrive sur le fleuve un peu dubitatif

Et c’est vrai qu’on repart un peu contemplatif

Il y avait ce jour-là, sur une rive du Gange

Un homme un peu perdu aux pensées bien étranges

Sur sa barque bancale, il a vu cette scène

Cette foule extatique aux couleurs si indiennes

Revenu sur la berge cet homme avait changé

Il a fait son voyage, maintenant, il est prêt.

Varanasi, 2011

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