Il y a peu, j’ai demandé à une artiste de faire un portrait de moi, sachant que c’est dans la vision des autres que l’on a la meilleure appréciation de soi-même. On s’est mis d’accord sur la commande : pas de pose, pas de photo, juste une esquisse ou sa représentation de moi. Alors, regardez bien la photo de cet article parce que je suis perplexe. Mais quel est donc le message qu’elle m’a fait passer. J’avoue avoir besoin d’aide, cette fois-ci, je pensais bien qu’on pouvait avoir de moi bien des regards, mais là ?
Bien évidemment, je l’ai appelée. Elle m’a dit que c’était la consigne : liberté absolue et cela veut dire que je prends ou je laisse, tel quel. Je n’ai certainement pas envie de contester son œuvre (oui, c’est le mot) même si sa ressemblance avec l’original (c’est là aussi le mot, avec ses différentes acceptions) a de quoi étonner. Malgré tout, je préfère cette représentation qu’un truc avec des symboles ésotériques. Si j’en appelle à votre avis, c’est donc que je suis perplexe sur les sens caché du message. Vous comprenez, si un jour ce tableau atteint des sommets sur un marché parallèle (oui, je reste lucide), il faudra bien que je lui donne un nom et là aussi, je fais appel à votre aide. C’est comme un concours, mais sans gain, je choisirai celui qui me correspond le mieux.
Ah, je sens bien que tout cela vous interpelle, comme on dit dans la police. Rassurez-vous, je suis tolérant et j’ai le sens de l’humour, rien ne m’effraie, c’est en cela que c’est chouette. Allez, vous avez le temps de la réflexion, rien ne presse, le temps que je fasse encadrer le tableau.
Voilà, ça, c’est fait. Il fallait bien que cela fût.
Hier, voyage à Saint-Céré sous un soleil magnifique. Pas trop de monde. Auparavant, longue marche en forêt en remontant le Tolerme pour arriver à la chapelle Notre Dame de Verdale. Nous avons croisé quelques randonneurs avec qui nous avons échangé sur la beauté du site. Pendant le pique-nique, un silence assourdi par le tourmenté Tolerme et donc, après halte à St-Céré avec en face, sur leur perchoir, les Tours Saint-Laurent. Ah que j’aime ces lieux qui me rappellent un lointain souvenir de vacances, l’année du bac… Sur le retour, pour ne pas suivre la route principale, détour par les petites routes oubliées des touristes et même de leurs riverains. Personne, des vues superbes, des arrêts inopinés pour tel ou tel site, bref un voyage dans l’espace et dans le temps et comme toujours, en rentrant à la maison, déjà un sentiment de nostalgie pour cette journée ensoleillée dans le ciel et dans la tête. C’est une tradition depuis bien longtemps, notre première sortie de printemps, c’est là-bas. Un rituel pour raviver la mémoire de cette année charnière dans ma vie. L’année du bac, c’est la fin de l’enfance, la séparation d’avec les copains du village, le début des choix du destin. J’ai laissé dans cette petite ville du Lot des souvenirs qui germent tous les ans à la même saison. Après, les beaux jours peuvent arriver, j’ai fait mon pèlerinage, j’entends les flonflons de la fête, l’insouciance encore possible, le futur ne me faisait pas peur puisque nous allions refaire le monde. Mais de quel monde était-il question alors ?