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le blog de Laurent Tellier

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Evasion, poésie, loufoque, tout ici est permis dans le respect des autres et de soi-même . Un espace de liberté et de partages autour d'un thème commun: l'amour de la langue française.


Henri Murger, la bohême comme idéal

Publié le 2 Mai 2023, 12:22pm

Henri Murger, la bohême comme idéal

Quand Anaïs Latrasse accompagne Henri Murger dans son dernier voyage vers la bohême éternelle, le 29 janvier 1861, dans la rue des Martyrs si bien nommée, elle ne devait pas vraiment savoir qu’elle laissait partir son compagnon rejoindre tous les artistes qui vivaient tout simplement de leur art. Celui qui partait retrouver les idéalistes de la création n’avait qu’une quarantaine d’années et pourtant, son rêve allait devenir une sorte de conception du monde et du don de soi. On estime à cent mille personnes la foule qui l’accompagnera de la rue des Martyrs au Père Lachaise. Qui se souvient de cet homme ? Et pourtant, tout le monde connaît le sens de cette expression : la vie de bohême.

Lui, Henri Murger, un temps secrétaire de Léon Tolstoï, collaborateur de la Revue des Deux Mondes, saura inventer le rêve de l’art pour l’art. Un mode de vie que le Paris des années folles instaurera comme règle de vie, juste le temps que le désintéressement laissera sa place à la monétisation d’un style de vie.

Je pense à lui en pensant à moi, tant pis pour la modestie. Je me souviens de mes tendres années, quand je croyais aussi au rêve d’une vie légère et court vêtue, au plus près d’une nature luxuriante et surtout, loin des robots qui menaient des vies routinières et sans espoir. L’animal à fuir, c’était celui qui ne donnait aucun espoir à sa condition mécanique. Moi, j’avais un objectif : l’autosuffisance, l’exil intérieur et je l’avoue, un mépris assez hautain de projet que d’autres avaient eu pour moi : devenir un pion dans la société. J’avais déjà eu à connaître Henri Murger mais il m’était sorti de la tête, comme mes illusions individualistes dans un système de groupe. C’est vrai que penser être libre tout seul est une utopie. La liberté, elle se mesure, avec des indicateurs, des comparaisons. On vit bien plus libre quand on a les moyens, on vit bien plus libre quand on a eu la chance d’avoir étudié, on vit bien plus libre quand on n’a pas à penser à sa survie.

Je viens de relire les scènes de la vie de bohême de Murger. Hélas, mille fois hélas, je ne retiens que ses dernières lignes :

Je veux bien consentir à regarder le passé, mais ce sera au travers d’une bouteille de vrai vin et assis dans un bon fauteuil. Qu’est-ce que tu veux, je suis un corrompu. Je n’aime plus que ce qui est bon !

J’ai bien peur que les rêves que j’avais faits ne se soient fracassés dans une réalité toute simple :  la vie de bohème est devenue un luxe, et le luxe, ça coûte vraiment cher. Et finalement, si l’on inverse la formulation, ça devient : le luxe, c’est mener une vie de bohême, triste destin d’un rêve que j’ai partagé.

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