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le blog de Laurent Tellier

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Evasion, poésie, loufoque, tout ici est permis dans le respect des autres et de soi-même . Un espace de liberté et de partages autour d'un thème commun: l'amour de la langue française.


Triboulet, le fou du Roi

Publié le 17 Avril 2023, 08:48am

Triboulet, le fou du Roi

Je ne sais pas très bien pourquoi, mais en ce moment, j’aimerais qu’il existât (pardon pour ces temps de conjugaison, mais ils sont adaptés à la sotie du jour) au moins un, sinon plusieurs fous du Roi. Je sais que nous sommes en République mais c’est toujours à Versailles que l’on reçoit les grands du monde, quand ils peuvent venir. C’est vrai, ça ferait du bien un peu de dérision,  assumée et même encouragée. Parce que la différence est là. Il y en a qui, à l’insu de leur plein gré, jouent ce rôle, mais quand on joue mal au fou, ça sonne faux.

J’aime assez ce personnage, Triboulet 2, le fou de François 1. J’ai regardé sa notice, il s’appelle Nicolas Ferrial, né à Foix lès Blois (une contrepèterie singulière) en 1479 et mort en 1536. On lui a donné aussi le surnom de Févrial, certainement pour se mettre au calendrier révolutionnaire, même si c’est un anachronisme, vu que la Révolution avait échoué à la bataille des Champs Catalauniques. Oui, je réapprends l’histoire sans la dictature des dates pour ne pas avoir de vision rétrograde de la civilisation. C’est la doctrine officielle.

Donc Triboulet avait pour mission d’être à la fois souffre-douleur, déversoir des colères et pitre du Roi, un peu comme on donne un antidépresseur aujourd’hui. Mine de rien, il avait une fonction expiatoire, un rôle superfétatoire et une action suppôt-sitoire et il pouvait à peu près tout dire de ce qu’il fallait taire. On a beau avoir inventé des dir’com, des conseillers en ceci et en cela, rien ne vaut la dérision sans la méchanceté. On voit bien de temps en temps quelques hauts personnages qui nous font rire, mais c’est souvent sans le vouloir, si bien qu’ils s’empêtrent dans des justifications abracadabrantesques et se rendent caricaturaux.  Le Fou du Roi avait une mission officielle, dérider le souverain. Là, j’avoue que ce rôle-là, il manque bien. Faut dire que les temps sont un peu difficiles et que pour dérider le peuple, il va falloir aller chercher bien loin. On s’amuse mieux quand on a la tirelire remplie, c’est une évidence. Pour amuser nos dirigeants, j’ai quand même une suggestion à faire. Même plusieurs.

Un, retourner voir les gens de près et trinquer avec eux. Pas forcément du gros rouge, non, même avec une limonade, pourvu qu’il n’y ait pas la cour à côté. On parle de la dernière dent du petit, du voisin qui rouspète, des trous de la chaussée pas encore bouchés, de la blague de l’instituteur pour le 1er avril, enfin, des potins de la commère.

Deux, on revient dans les salons avec des anecdotes qu’on raconte avant les grandes réunions, sérieuses, celles-là, juste pour détendre l’atmosphère, il y a toujours un moment dans une réunion où il faut un moment de vagabondage d’esprit, sinon, ce sont les collaborateurs qui ramassent.

Trois, après la réunion, on va marcher dans le parc avec, et c’est là que je voulais en venir, avec le Fou du Roi. N’importe qui fait l’affaire, pourvu qu’il ait de l’humour, un peu d’écoute et une grande capacité à encaisser.

Je sais bien que trouver la personne idoine, c’est pas facile. Alors, là encore, quelques petits conseils sans prétention. Faire l’exercice en se regardant dans la glace, puis ensuite devant des proches (j’allais dire devant Desproges). Si au moins une fois on entend un rire, c’est gagné.

Puis, quand on est à l’étape 2, faire la même chose quand on est seul en scène face à une foule, n’importe laquelle. Faire rire, c’est atteindre les cœurs, et on peut rire de tout, avec un peu d’humour.

Reste l’étape 3, qui ressemble à l’ascension du Tourmalet un jour de pluie, aller et retourner régulièrement voir les gens. Parmi eux, c’est sûr, il y en a au moins un qui a envie de se détendre. C’est lui qu’il faut convier.

J’ai l’air de donner des leçons ? Ben oui, c’est comme ça que j’ai pu faire ma petite carrière d’élu, et on a beau dire, ça reste la plus belle expérience d’une vie. Donc, oui au retour de l’humour, même au ras des pâquerettes, ça vaut mieux que cette ambiance dépressive qui plombe une époque. J’ai connu un temps « no future ! », un appel à profiter de l’instant présent, version optimiste. Le no futur d’aujourd’hui a quelque chose d’anxiogène et crépusculaire …

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