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le blog de Laurent Tellier

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Evasion, poésie, loufoque, tout ici est permis dans le respect des autres et de soi-même . Un espace de liberté et de partages autour d'un thème commun: l'amour de la langue française.


Retour de la promenade journalière.

Publié le 6 Avril 2023, 14:25pm

Température agréable, un air de printemps et déjà arrivent les premiers touristes. Des Anglais, dans un vieux BedFord antique (c’est mieux qu’un BedFord en toc, c’est vrai), comme un décalage, des souvenirs. Bien entendu, comme toujours, le volant du mauvais côté qui donne le sentiment que la voiture est mal équilibrée, qu’elle lutte contre la force d’inertie quand on penche du côté où l’on risque de tomber. Du coup, j’ai tout de suite pensé à tout ce que cela implique, de rouler à droite pour un habitué de la conduite à gauche, comment par exemple, on pouvait lire une carte Michelin quand on fait Calais-Marseille, par exemple.

Le cerveau gauche vous indique le sud vers le bas pendant que le droit vous demande de calibrer la boussole à l’envers. Du coup, il faut un certain temps pour enregistrer le panneau qui vous demande d’aller à droite quand le naturel pour vous est d’aller à gauche. Pourquoi je vous dis cela, parce que j’ai été confronté au problème. Un séjour à Chypre, il y a déjà quelques années. J’avais loué une voiture (japonaise, donc orientée à gauche) et au sortir de l’avion, fallait se taper un tas de borne pour Nicosie, où il n’y a pas d’aéroport pour cause de mur de Berlin. La ville est encore coupée en deux avec sa zone de démarcation avec les ruines de la guerre de 1974. Bref, comme un peu partout dans le monde, après l’avion, on nous donne une voiture et ensuite, démerden Sie sich, si je puis dire. Deux cents mètres plus loin, un rond-point. Quand on vient de se taper quelques heures à planer, on pense que là où on est, tout est normal, les ronds-points tournent dans le bon sens, que les vitesses sont main droite comme chez tous les gens sensés, j’ai même dû me battre trois fois contre un inspecteur du permis de conduire qui me disait de tenir ma droite. Mais de quoi parlait-il ?

Enfin, quand faut y aller, faut y aller. J’avais attendu parce que devinez quoi, les derniers bagages sur le tapis roulant, c’étaient les miens. Un peu énervé, le gars qui louait la voiture ne parlait pas français, ce qui reste un énorme handicap pour les anglophones qui ont l’honneur de nous accueillir, et en gros, Nicosie, c’était écrit sur les panneaux, fallait suivre.

Démarrer la voiture demandait déjà un certain niveau de culture nippone, que je n’ai pas, mais bon, nous voilà enfin parti. Pas loin, deux cents mètres, devant l’énigme du rond-point.  Mon cerveau est formaté depuis des lustres à conduire depuis la partie gauche de l’habitacle, avec la main droite et des panneaux du bon côté de la route. Ah, j’oubliais, ce jour-là, c’était la nuit. Heureusement, il n’y avait plus beaucoup de monde sur la route, parce que j’ai failli prendre le rond-point comme d’habitude. Quelques bons coups de klaxon et des mots doux pour un mangeur de grenouilles m’ont ramené à la raison. Après, plusieurs dizaines de kilomètres sur l’autoroute jusqu’aux panneaux de direction en miles. Quatre vingts kilomètres, c’est bien long, mais en miles, c’est consternant. On croit qu’il l’ont fait exprès, pour rallonger la sauce, comme s’ils voulaient nous dire qu’il y a loin de  Waterloo à la Bérézina, surtout dans le sens contraire, mais rouler à gauche en rallongeant les kilomètres, ça mérite au moins un Brexit (on me dit que c’est déjà fait, eh ben c’est bien, pour ça au moins).

Je ne sais plus de quoi je radotais au début, mais ce vieux tacot au regard fixé vers l’horizon inversé m’a fait repensé à ce voyage chypriote, qui au-delà de l’aspect conduite, fut un véritable enchantement. Denier avatar de ce souvenir automobilistique, la panne d’essence évitée à une goutte de réservoir vide à cause d’un système de déverrouillage du bouchon d’essence introuvable entre les sièges. Franchement, je ne veux pas critiquer (mais je le fais quand même), quand on imagine que la notice est écrite en japonais, que je n’ai pas appris dans mon enfance, et qu’elle explique qu’il ne faut pas sortir avant d’avoir ouvert le clapet de l’intérieur et qu’il n’y a plus personne dehors après huit heures du soir parce que les pubs sont fermés, raison inacceptable à mes yeux, on peut avoir besoin d’aide après vingt heures, mais en pays anglophone, comment voulez-vous trouver le moyen de faire un plein d’essence…

Au bout de l’histoire, j’ai appris que la voiture de location était coréenne, ce qui n’est pas une excuse, vu que je ne lis ni ne parle le coréen. J’ai appris qu’on roulait normalement en Corée, mais qu’il fabriquaient aussi des voitures avec le volant du mauvais côté. Ça doit rapporter les accidents de voiture pour ceux qui savent encore où se trouve la gauche, du côté où il ne faut justement pas conduire.

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