Je n’ai pas l’habitude de me mettre en scène mais aujourd’hui je m’autorise une liberté :
regardez la photo jointe:
Le garçon au deuxième plan, au garde-à-vous, c’est moi. Ça vous en bouche un coin, n’est-ce pas. En ces temps-là, aller aux cérémonies était obligatoire, mais qui allait penser qu’un demi-siècle et dix-sept ans plus tard, j’irai encore m’incliner devant la mémoire de tous ceux qui étaient tombés pour nous, leurs descendants. Je n’ai pas peur de m’indigner contre cet oubli quasi-total de ces moments de mémoire que bien souvent, on qualifie d’inutiles. Rien n’est plus affligeant que de supprimer ce qui nous gêne dans nos souvenirs. Enfin, c’est mon avis et je le partage. Vieux schnock, peut-être mais pas encore amnésique et je persiste à penser qu’en oubliant d’où l’on vient, on ne sait pas où on va, et l’actualité nous montre bien que l’on devrait entretenir nos mémoires. Pas les mémoires ram des ordinateurs, mais les mémoires qui rament dans nos cerveaux.
Ce matin, comme d’habitude, je penserai à ces jeunes d’un autre temps à qui on n’a rien offert d’autre que d’aller se faire tuer, d’aller se faire estropier, ou d’aller oublier d’être jeune. C’est arrivé encore vingt ans après, puis encore vingt ans après. Depuis les guerres décoloniales, ce n’est plus arrivé, je fais partie de ces privilégiés qui ne sont pas allés au combat. Qu’en sera-t-il bientôt ?
Pour moi, aller passer dix minutes pour penser à cette génération n’est pas du temps perdu pour l’avenir, mais c’est comme un oubli pour l’avenir. Je ne veux pas paraître un peu trop vieux con, mais une chose est certaine, j’ai toujours du respect pour ces gars de vingt ans partis vers l’oubli.