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le blog de Laurent Tellier

le blog de Laurent Tellier

ici, tout est littérature: poésie, nouvelles, fantaisies. Ici, tout est liberté, aussi, un espace qui se rétrécit. Seule contrainte, le respect des autres et de soi-même.


propos inutiles

Publié le 17 Juillet 2022, 08:00am

Attention, ça commence bucolique, ça finit polémique. Après, on discute, si vous voulez. Je vais encore me mettre en porte-à-faux avec la bien-pensence mais je suis comme un galet, patiné par les marées et roulé par le temps.

Au pied du chemin qui grimpe à la verticale vers la chapelle de Roussy, en partant du pont frontière entre Cantal et Aveyron à Bazaygues, on se demande toujours quelle idée avaient les anciens pour atteindre le ciel de leur vivant. Puisqu’on leur promettait qu’ils iraient là-haut directement s’ils avaient eu une vie dévote, quel est l’intérêt d’aller bâtir des édifices au pied des nuages. J’en étais là quand, quelques jours après cette ascension (avec le ticket retour, en grande descente évidemment), je suis allé au fond du gouffre vers Aleix Saint Victor, pour aller voir celle de Saint Victor. Là, c’est le contraire, on descend d’abord, vers les abîmes pour remonter vers la lumière. Pourtant, la même question me taraude, pourquoi aller chercher l’impossible pour espérer atteindre l’éternité qui semble promise à ceux qui ont bâti ces magnifiques construction où jamais personne ne va, sauf pour une exigence spirituelle. Vous me direz que je ne peux rien comprendre si je ne crois en rien. Certes, mais c’est quand même un peu court. J’aime aller dans ces lieux oubliés, pour la sérénité du site, ou la beauté de la nature, ou les deux en même temps. Il faut avoir encore une bonne santé pour gravir, et descendre ces ravins, ce qui est déjà un critère de sélection. Quand, dans nos reliefs cabossés, aller chercher un secours demande un tel effort, c’est déjà une absolution, mais je me pose la question, moi qui ne fais cet effort que pour une curiosité « touristique », je m’interroge. Désormais, il ne doit plus rester bézef de chapelles, de ruines de châteaux, d’édifices civils à quelques lieues à la ronde que je n’ai dénichées et la question reste sans réponse. Tout cela fait partie d’une histoire oubliée, la plupart de ces édifices menacent ruine par impossibilité d’y faire des réparations mais témoignent d’une vie elle aussi oubliée, savoir la survie dans des lieux improbables où les bruits de la ville ou des gros bourgs sont inconnus.

Le plus surprenant, le plus incroyable et surtout le plus symbolique est incontestablement le village de Saint Victor. Au pied de la chapelle, sur un autre saillant de rocher, on trouve, dans l’ordre : l’école, la mairie et le presbytère, trois édifices soudés ensemble, qui ont pourtant dû connaître les conflits du tournant du vingtième siècle. Aujourd’hui ne subsistent que quelques moines qui hantent ces lieux où autrefois se faisait la vie du village. On a peine à la deviner, cette vie : combien d’enfants à l’école, combien de gens passaient à la mairie, sachant que l’autre bourg de la même commune est à une bonne demi-heure de marche en pente sévère, combien de fidèles dans cette église miniature et comment aller au village le plus proche, au moins eux heures de marches dans des travers épuisants ? C’est cela que je cherche à comprendre, il y a pourtant quelques témoignages, de vielles cartes postales, des recensements de population, des preuves que la vie s’y passait, à un rythme inconcevable pour nous. Je n’ai aucune nostalgie de ces temps, parce qu’ils sont hors du temps, mais j’ai de la reconnaissance pour ceux qui ont posé leurs valises dans ces lieux que plus personne ne visite. Et puis, e, continuant la découverte de ce merveilleux coin du Cantal, on découvre l’ancienne voie ferrée, et puis tout s’éclaire. Un train irriguait la région comme les camions le font de nos jours, par palanquées sur des routes rétrécies de ralentisseurs qui obligent aux changements de vitesse tous les deux cents mètres (ce qui n’arrange pas les rejets de fumées poussiéreux), pendant qu’à côté, une voie désaffectée aurait pu réduire ces nuisances, mais bon, je crois que c’est utopie que de tenir de tels discours), on ne peut guère verbaliser un train et en plus, il doit être rentable, c'est-à-dire ignorer qu’il est là comme outil d’aménagement du territoire. Pour en revenir à mon histoire, c’est juste pour dire que souvent, c’est la volonté des décideurs que de prendre les bonnes dispositions : on croit réinventer le monde avec des idées nouvelles, inspirons-nous de celles qui sont efficaces et qui servent aussi, parfois, au désenclavement des territoires et de celui des idéologies. Vus des grandes métropoles, les pays éloignés semblent être des réserves de gens attardés ou pire, ignorants, on ne les redécouvre que pendant un confinement ou quelques jours en gîte, pour approcher de leur mode de vie un peu rétrograde (oui, on mange la croûte du Cantal, vous vous rendez compte ! mais les fromages sous vide sont tous rappelés pour raisons sanitaires). Qu’ils se rassurent, quand nous regardons les citadins, nous sommes devant la même interrogation, mais la nature pour nous, n’est pas un concept. A Paris, ou ailleurs, dans une grande ville, on a inventé un nouveau truc : l’artificialisation des sols, en gros il est interdit de bitumer les zones naturelles. Là où c’est fait à 100 %, ils s’en fichent, mais du coup, chez nous, plus de droit de développer l’urbanisme. On passe de tout à rien, sans transition, comme d’habitude. Merci à ceux qui nous ont désormais interdit toute perspective de nous développer. Nous ne sommes pas des imbéciles, on comprend la nécessité de préserver l’environnement, mais là comme ailleurs, la radicalité est mauvaise conseillère. Cela dit, au nveau des sigles, on a fait des progrès : ZAS, ZNUIPP, ZPENS, ZSC, ZPS, etc. On comprend bien la nécessité absolue de la préservation de notre milieu, mais pour déchiffrer le langage de ceux qui décident, il faut au mieux être fort au scrabble (la lette Z rapporte beaucoup), au pire avoir un stylo qui signe à la pointe de la bille d’un Z qui veut dire Zonard (comme toutes ces zones qui s’enchevêtrent et que les élus à la base doivent déchiffrer chaque jour, dès lors qu’ils ont un projet pour faire vivre ensemble les habitants). Honni soit qui mal y pense, je l’accepte. J’ai appris, certes il y a un moment, que vivre avec la nature était un privilège et qu’il fallait se battre pour la conserver, c’est la raison pour laquelle j’y vis depuis toujours, mais quand j’entends ceux qui réinventent mon rêve, ça tourne au cauchemar. Il fut un temps où il était interdit d’interdire (c’est vrai, c’était une utopie de jeunesse). Désormais, il est interdit de rêver, sous peine d’être au mieux ringard, au pire complotiste (ça c’est bien, ça montre la faiblesse de la critique), le débat étant désormais confisqué au « profit » du discours dominant de ceux qui savent, parce qu’ils se sont emparés du langage ésotérique des statistiques, des sigles et des arcanes du langage. Tous les jours on invente des concepts pompeux qui ne veulent rien dire, ou plutôt qui attestent d’une panne de réflexion. Mais disent-ils pour autant la vérité en diffusant leur vérité. Je n’en détiens aucune, mais j’aime le débat, que voulez-vous, on ne se refait pas. C'est comme le pari de Pascal, mon copain qui s'appelait Pascal et qui demandait toujours: Alors c'est vrai ?  Ben quoi ??? Que je suis le plus beau, imbécile !!!!!

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