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le blog de Laurent Tellier

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Evasion, poésie, loufoque, tout ici est permis dans le respect des autres et de soi-même . Un espace de liberté et de partages autour d'un thème commun: l'amour de la langue française.


Voyage à Bourges (suite et fin).

Publié le 24 Mai 2022, 07:55am

Voyage à Bourges (suite et fin).

Je vous l’accorde, trois chroniques pour un seul voyage … Pourtant, il me reste des choses à partager. L’accueil, bien sûr, des amis qui nous ont hébergés, le temps, qui a été parfois un peu trop prévenant, les chaleurs ont été étouffantes, mais que n’aurais-je dit s’il avait plu.

Pour terminer ce périple au centre de la France, encore un passage à Bourges, chez Jacques Cœur, enfin dans son palais où il n’a jamais résidé. Là bien sûr, je ne peux pas regretter un manque de souffle, il n’y en a jamais eu, sauf plus tard après quand un tribunal  a siégé, mais c’étaient les gémissements des condamnés.

Ce palais, merveilleux et tape-à-l’œil comme il sied à un haut personnage m’a touché en ce sens qu’il est une leçon à la « La Fontaine », comme la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf. On connaît la fable. Déjà, la façade, pleine de symboles à la gloire du maître de céans. Puis la cour, avec son escalier majestueux puis toutes les pièces, qu’il est inutile de décrire, quand vous irez le visiter, vous me le raconterez. Jacques Cœur, c’est un destin et une ambition aux temps de la guerre de Cent Ans, ce qui déjà est rédhibitoire. C’est aussi l’histoire d’un amour avec une femme qui se laissera mourir de chagrin, ce qui en plus est anachronique. Enfin, c’est l’histoire d’une rencontre qui n’a pas eu lieu, avec Jeanne d’Arc, ce qui pour terminer est une idée parfaitement saugrenue. Bref, il y a tout pour sceller un destin qui doit être tragique. C’est la même chose qui est arrivée à l’arriviste Nicolas Fouquet avec le Roi-Soleil qui ne supportait aucune ombre. Je galèje, mais je me sens quelques affinités avec ce personnage, non pas du point de vue de l’ambition, mais du côté du nomadisme. Voilà un homme qui a traversé les mers (pour faire des affaires, certes) en des temps où c’était encore bien aléatoire (on est là bien avant Christophe Colomb) et c’est assez méritoire (oui, ne jugeons pas avec nos prétentions actuelles). L’homme avait du tempérament en même temps qu’il avait le souci de son intérêt. Cela dit, le Palais de Bourges est digne de cet esprit d’aventure, je le vois comme ça, je peux me tromper. S’il n’a pas été habité en son temps, on arrive cependant à comprendre que son souci était celui de sa propre renommée (et c’est gagné, on le visite encore). C’est aussi un peu l’œuvre inachevé, une sorte testament de pierres pour dire à la postérité : si je n’y ai vécu, je l’ai au moins créé, enfin, à peu près. Et je reviens-là à ma marotte. Charles VII, qui avait bien laissé tomber Jeanne d’Arc et profité du susdit Jacques Cœur, a finalement fait choir son argentier par jalousie. Donc, imaginons deux minutes que ces trois-là se soient rencontrés à Bourges. Que se seraient-ils dit ?

  • Mademoiselle Jeanne, vous devriez être reconnaissante à mon ministre des finances pour m’avoir permis de vaincre les Anglais
  • Euh, pardon, Votre Majesté, mais j’y suis pour quelque chose quand même, aurait répondu la Pucelle, même sans le fric
  • Voyez-vous, Votre Altesse et Mademoiselle Jeanne, sans les gains que j’ai rapportés de mes commerces avec les peuples de l’outre-mer, vous n’auriez pu vous défaire de l’ennemi.

Ce qui, quoiqu’il en soit, aurait fâché le Roi avec ses deux sauveurs. Donc, réalité ou fiction, le sort de Monsieur Cœur était scellé.

L’histoire a laissé des pierres pour raconter la vie du grand argentier et il est bien heureux qu’elles soient encore là pour nous raconter cette vie étonnante.

Pour terminer, sur la route du retour, j’ai voulu visiter les Pierres Jaumâtres, un site naturel de la Creuse (pays magnifique de verdure et d’espaces naturels). C’est assez étonnant, ce chaos de rochers énormes, aux formes arrondies sur un sommet de colline. On y découvre ce que la nature sait faire de mieux : nous surprendre. De quoi s’agit-il : on découvre dans cet amas minéral deux formes très suggestives qui semblent bien avoir été des lieux de pèlerinages à des temps reculés : un phallus très réaliste et un sexe de femme encore plus évident. En redescendant de ce lieu forcément très visité, une dame nous a demandé : avez-vous vu le loup ? Ce à quoi j’ai répondu : oh certes, mais il avait sa compagne : Ah, oui, vous avez vu Eve. J’ai trouvé que les mots n’étaient pas adaptés, moi, j’y avais vu le jardin d’Eden, Eve et Adam prêts à commettre le péché originel, mais pas le loup. Chacun voit midi à sa porte.

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